Travaux : Jacques Laurence : 2021

L’abbé Jean-Baptiste Guichard

1745†1793
Curé de Saint-Barthélemy-en-Beaulieu.

Maître ès-arts
Docteur en Sorbonne.

1793 : Un Noël pas comme les autres à Saint-Barthélemy-en-Beaulieu.
En la fin de ce mois de novembre, début de la période de l’Avent, la paroisse de Saint-Barthélemy-en-Beaulieu est en deuil : l’abbé Guichard, curé de la paroisse a été guillotiné le 7 octobre.
La préparation de noël ne peut se faire dans la joie, les paroissiens ayant la douleur d’avoir perdu leur conseiller spirituel, leur confident, leur « bon pasteur » et cette douleur est d’autant plus vive qu’elle résulte de la plus grande barbarie, la décapitation.

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Saint-Barthélemy :
Anciennement " Ecclésia de Sancto Bartholoméo" en 1112 puis en 1230 "Sanctus Bartholomœus in Bello Loco" et Saint-Barthélemy-en-Beaulieu de 1656 à 1793 selon Henri Stein (Dictionnaire Topographique du Département de Seine-et-Marne).
« Le plus ancien document qui fasse mention de de Saint-Barthélemy est une charte de 1112 publiée par Du Plessis. Cette pièce porte qu’à la prière de Guy, abbé de Molesmes et de Guillaume, prieur de la Maison-Dieu, près La Ferté-Gaucher, Manassès 1er évêque de Meaux, confirme à l’abbaye de Molesmes plusieurs églises et bénéfices au nombre desquels : Ecclesiam St-Bartholomæi… »
(Monsieur l’abbé Marcus, curé de Saint-Barthélemy : « Etude Historique sur Saint-Barthélemy-en-Beaulieu », 1891, page 19.)

Monsieur l’abbé Marcus pense que l’église « a été, dans son entier, construite au XVIe siècle » et conteste l’affirmation de Louis Michelin (1765-1841) avançant, en 1829, qu’elle fût reconstruite par les Anglais en 1420 après avoir détruit l’existante du XIIIe siècle pendant la Guerre de Cent Ans ; cette affirmation a été reprise par Maurice Pignard-Péguet en 1911. Une étude détaillée sur l’église de Saint-Barthélemy pourrait permettre de déterminer les dates de sa construction. 
L’église, le cimetière, le presbytère et les granges en 1783.
La route ne passait pas devant l’église mais la contournait en bifurquant derrière la future mairie par la rue du Vieux Pressoir pour aboutir à la rue du Puits (D113) en direction de Verdelot et de Villiers-les-Maillets.

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Ces lieux chers à l’abbé Guichard.

L’église de Saint-Barthélemy-en-Beaulieu.

Elle est restée inchangée depuis plusieurs siècles :

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En 1789, l’église paroissiale, sous le vocable de Saint-Barthélemy, appartenait au diocèse de Meaux, doyenné de La Ferté-Gaucher ; le collateur était l’évêque de Meaux.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96129891/f555.image.r=Saint%20Barth%C3%A9lemy%20en%20Beaulieu?rk=729617;2 Page 493.

Le presbytère et les granges attenantes :

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Ce nouveau presbytère construit par Monsieur l’abbé Guichard fut couvert en 1781.

La Révolution surgit suivie aussitôt de « la Terreur ».

Cette période est caractérisée par la mise en place d’un gouvernement révolutionnaire, centré sur le comité de salut public et le comité de sûreté générale qui utilise à présent « la Terreur » pour imposer sa loi.
Le clergé et la noblesse sont les ennemis de la Révolution ; à Saint-Barthélemy, le seigneur de Villiers-les-Maillets est menacé ; le curé, en prêtant le serment à la constitution, pense être à l’abri du pire ; hélas, il n’en sera rien.

1793 :

Cette Terreur parvient jusqu’à Saint-Barthélemy-en-Beaulieu.

Le 23 avril 1793, Antoine Daguin de Villette est contraint de renoncer à ses lettres et privilèges ; ses papiers et lettres de propriétés sont saisis, portés à Rebais et brûlés afin de faire disparaitre ses titres et privilèges.

Les exactions de la Terreur se multiplient dans la région ; les révolutionnaires s’en prennent aux prêtres, aux femmes et aux enfants ; l’effroi est total dans la région de Coulommiers et de La Ferté-Gaucher, alors appelée « la petite Vendée briarde » par référence au sursaut héroïque des Vendéens pour la défense de leur Roi et de leur Dieu. Des milliers de français sont assassinés dans les conditions les plus atroces, par la main même des français et cette machine infernale semble ne plus pouvoir s’arrêter ; la barbarie n’aura plus de limites.

Antoine Daguin de Villette doit quitter son château et se cacher dans les environs de La Ferté-sous-Jouarre ; il sait qu’il s’agit à présent d’une question de vie ou de mort ; tous les assassinats qui se produisent à tout moment et dans toutes les régions, même celles éloignées de Paris, l’en ont persuadé car ils se multiplient de plus en plus, à tout moment.

Il doit son salut à la fidélité de son cocher qui lui permet de se déplacer facilement entre La Ferté-sous-Jouarre et Crouy-sur-Ourcq, région qu’il connait bien pour être celle de sa famille maternelle enracinée depuis plusieurs générations et où il a passé sa jeunesse ; de plus, non loin de La Ferté-sous-Jouarre, Antoine Daguin de Villette est propriétaire de plusieurs domaines qu’il a hérités de son père et restés en indivision avec son frère Charles-Jean Daguin de Launac ; il peut donc passer d’une demeure à l’autre et va ainsi de Chézy-en-Orxois à Brumetz et à Gandelu.

Son frère aîné, Charles-Jean et ses deux fils, Jean-Henri qui prendra le nom de Daguin l’Aîné durant la révolution (mais reprendra quelques années plus tard celui de Daguin de Launac) et Antoine-Louis Daguin de Beauval, vivent toujours à Crouy-sur-Ourcq et les deux neveux d’Antoine resteront connus pour la postérité en devenant, quelques années plus tard, à tour de rôle, maire de cette commune : Antoine-Louis de 1812 à 1817 et Jean-Henri de 1817 à 1825.

Ces attaches permettent ainsi à Antoine Daguin de Villette de passer cette terrible période à l’abri des terroristes, ceux qui firent régner une véritable ‘’Terreur’’ criminelle à travers tout le pays.

Si Antoine Daguin de Villette sera sain et sauf et regagnera son château quelques temps plus tard, il n’en sera pas de même pour l’abbé Jean-Baptiste Guichard, curé de Saint-Barthélémy-en-Beaulieu qui est resté sur place, fidèle à ses engagements.

Il a commis le crime de déclarer, du haut de sa chaire, « Louis XVI martyr » qui a été guillotiné au mois de janvier ; il a refusé les sacrements aux paroissiens qu’il jugeait indignes, tout comme le fit le saint Curé d’Ars ; il a refusé aussi de lire au prône les mandements de l’évêque constitutionnel et les décrets de la Convention ; enfin, il a persisté à conduire la procession du vœu de Louis XIII comme il le fit toujours après les vêpres du 15 août et comme cela était de coutume depuis Louis XIII dans toutes les paroisses.

Il doit être condamné ; il sera décapité.

« L’affaire Guichard ».

Anne-Marie Leclerc et Laurence Forgeard rapportent cet épisode tragique (1) :

« Jean-Baptiste-François Guichard a fait de brillantes études : maîtres-ès-arts de l’Université de Paris, docteur en Sorbonne, il est comte palatin, chevalier des Ordres de Sa Sainteté, protonotaire du Saint-Siège.

L’évêque de Meaux le nomme en 1779 à la cure de Saint-Barthélémy-en-Beaulieu, la mieux dotée du diocèse.

Il prête serment avec hésitation, le 2 février 1791, et reste royaliste. Bien que curé constitutionnel, son serment ne lui a pas ôté ses convictions.

Le 15 août, sa gouvernante, la veuve Fasquelle, est convoquée par la municipalité qui veut lui faire payer un impôt indu. Elle porte malencontreusement plainte devant le Directoire de Rozay, enclenchant ainsi un processus inéluctable. Le 20 septembre 1793, lors d’une assemblée des habitants de Saint-Barthélemy, une trentaine d’entre eux demandent sa destitution.
Devant le Conseil permanent du district de Rozay, le 21 septembre 1793, à la suite d’un acte de délation de Jean-Baptiste Mary, citoyen de Bellot et greffier municipal de Saint-Barthélemy.
Il est accusé :
- de soutenir le roi :
" Le roi est mort en martyr ... Si l’on permettait de faire un sermon sur
la mort du roi, je ferais pleurer tout le monde",
" Que si les députés qui ont voté sa mort étaient tués comme l’avait
été l’un d’eux, le peuple en serait plus tranquille".
- d’avoir refusé de lire au prône les mandements de l’évêque constitutionnel,
- d’avoir annoncé la fête de l’Assomption et une procession du vœu de Louis XIII,
- d’avoir écrit à un parent (son cousin Bernier), député à la Convention, pour savoir s’il avait voté la mort du roi, "parce que, s’il l’avait fait, il ne le regarderait plus". »
La conclusion objective d’Anne-Marie Leclerc et Laurence Forgeard mérite d’être rapportée textuellement :

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(1) « Provins et sa région » - Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins – 1989, page 77.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9743221d/f79.item.r=abb%C3%A9%20Guichard%20Saint%20Barth%C3%A9lemy%20en%20Beaulieu

Le Décret du 17 septembre 1793 relatif aux gens suspects ("loi de prairial").
Il donne un aperçu de l’état d’esprit des protagonistes de cette terreur :

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Durant la Révolution Française, l’Assemblée Constituante avait adopté le 12 août 1793 une loi organisant "l’arrestation des suspects".

Le 17 septembre 1793 (donc durant le mois de Prairial, dans le calendrier Révolutionnaire), l’Assemblée Constituante adopta son décret d’application "relatif aux gens suspects", publié le 19 septembre. Ce texte est souvent appelé "Loi des suspects" dite encore "Loi de prairial" :

Art. 1er. Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent dans le territoire de la République, et qui sont encore en liberté, seront mis en état d’arrestation.

Art. 2. Sont réputés gens suspects : 1° ceux qui, soit par leur conduite, soit par leur relations, soit par leur propos ou leurs écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie ou du fédéralisme, et ennemis de la liberté ; 2° ceux qui ne pourront pas justifier, de la manière prescrite par le décret du 21 Mars dernier, de leurs moyens d’exister et de l’acquit de leurs devoirs civiques ; 3° ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; 4° les fonctionnaires publics suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention nationale ou ses commissaires, et non réintégrés, notamment ceux qui ont été ou doivent être destitués en vertu du décret du 14 août dernier ; 5° ceux des ci-devants nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou filles, frère sou sœurs, et agents d’émigrés, qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la révolution ; 6° ceux qui ont émigré dans l’intervalle du 1er juillet 1789 à la publication du décret du 30 mars - 8 avril 1792, quoiqu’ils soient rentrés en France dans le délai fixé par ce décret, ou précédemment.

Art. 3. Les comités de surveillance établis d’après le décret du 21 mars dernier, ou ceux qui leur ont été substitués, soit par les arrêtés des représentants du peuple envoyés par les armées et dans les départements, soit en vertu des décrets particuliers de la Convention nationale, sont chargés de dresser, chacun dans son arrondissement, la liste des gens suspects, de décerner contre eux les mandats d’arrêt, et de faire apposer les scellés sur leurs papiers. Les commandants de la force publique à qui seront remis ces mandats seront tenus de les mettre à exécution sur-le-champ, sous peine de destitution.

Art. 4. Les membres du comité ne pourront ordonner l’arrestation d’aucun individu sans être au nombre de sept, et qu’à la majorité absolue des voix.

Art. 5. Les individus arrêtés comme suspects seront d’abord conduits dans les maisons d’arrêts du lieu de leur détention ; à défaut de maisons d’arrêt, ils seront gardés à vue dans leurs demeures respectives.

Art. 6. Dans la huitaine suivante, ils seront transférés dans les bâtiments nationaux que les administrations de département seront tenues, aussitôt après la réception du présent décret, de désigner et faire préparer à cet effet.

Art. 7. Les détenus pourront faire transporter dans ces bâtiments les meubles qui leur seront d’une absolue nécessité ; ils y resteront gardés jusqu’à la paix.

Art. 8. Les frais de garde seront à la charge des détenus, et seront répartis entre eux également : cette garde sera confiée de préférence aux pères de famille et aux parents des citoyens qui sont ou marcheront aux frontières. Le salaire en est fixé, par chaque homme de garde, à la valeur d’une journée et demie de travail.

Art. 9. Les comités de surveillance enverront sans délai au comité de sûreté générale de la Convention nationale l’état des personnes qu’ils auront fait arrêter, avec les motifs de leur arrestation et les papiers qu’ils auront saisis sur elles comme gens suspects.

Art. 10. Les tribunaux civils et criminels pourront, s’il y a lieu, faire retenir en état d’arrestation et envoyer dans les maisons de détention ci-dessus énoncées, les prévenus de délits à l’égard desquels il sera déclaré n’y avoir pas lieu à accusation, ou qui seraient acquittés des accusations portées contre eux.

La délation contre l’abbé Guichard.

A la suite d’un acte de délation, il est accusé entre autres, de soutenir le Roi, osant dire, notamment :

« Que le cy-devant roi était mort comme un martyr et que si les députés qui ont voté sa mort étaient tués comme l’avait été l’un d’eux, le peuple en serait plus tranquille ».

Il fut dénoncé sous le motif d’une telle déclaration, non par un de ses paroissiens mais par le citoyen Jean-Baptiste Mary, habitant Bellot et greffier municipal de Saint-Barthélemy. Pour sinistre mémoire.

Une des grandes accusations : avoir annoncé la fête de l’Assomption et une procession du vœu de Louis XIII.

Monsieur l’abbé Guichard persiste à conduire la procession du vœu de Louis XIII comme il le fit toujours après les vêpres du 15 août.

On appelle vœu de Louis XIII la consécration, le 10 février 1638, de la France à la Vierge Marie par le roi Louis XIII.
Louis XIII a choisi de remercier la Vierge en lui donnant le patronage de la France suite à la grossesse de son épouse Anne d’Autriche après vingt-trois ans de mariage. L’histoire du Vœu est à replacer dans le contexte précis de la neuvaine de prières que la reine a réalisé pour demander un fils, en l’honneur de Notre-Dame de Grâces (Cotignac) suite aux révélations du frère Fiacre, et qui s’est terminé le 5 décembre 1637. Neuf mois plus tard, le 5 septembre 1638, Louis XIV naît à Saint-Germain-en-Laye.
De par le vœu, Louis XIII instaure les processions du 15 août durant lesquels les sujets doivent prier Dieu et la Vierge pour les heureux succès du roi. En outre, chaque église du royaume se doit, dans la mesure où l’église elle-même n’est pas sous le patronage de la Vierge, de consacrer sa chapelle principale à la Reine des Cieux.
Louis XIII promet enfin d’élever un nouveau maître-autel dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, ainsi que d’offrir un nouveau groupe sculpté à la cathédrale. Décédé prématurément cinq ans plus tard, le roi n’eut pas le temps de matérialiser la deuxième partie de son vœu concernant Notre-Dame de Paris. Ce fut son fils Louis XIV qui le réalisa plus de soixante ans après.

Tout est en place pour que les autorités proclamées procèdent aux arrestations des Français comme bon leur semble.

L’abbé Guichard eut droit, en théorie, à un procès en règle ; c’était encore l’époque ou l’appareil de la justice était observé mais en apparence seulement car le verdict était connu et systématique.

Il fut accusé d’avoir « provoqué au rétablissement de la royauté, chercher à avilir les autorités constituées, c’est-à-dire la municipalité de son village, d’avoir appelé le fer des assassins sur la tête des députés de la Convention qui avaient voté la mort du tyran, d’avoir refusé les sacrements à ses paroissiens », etc.

Un mandat d’écrou est décidé contre l’abbé Guichard et trois jours après le décret ci-dessus, le 22 septembre 1793, une visite domiciliaire a lieu à la cure. Aucun papier compromettant n’est trouvé.

Mais le représentant du peuple en mission, Pierre Dubouchet, commissaire dans le département de Seine-et-Marne depuis le 11 septembre jusqu’au 16 novembre 1793, arrive à Rozay le 24 septembre et ordonne le transfert immédiat de l’abbé Guichard à Paris.

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Écroué à la Conciergerie, il comparaît le 6 octobre 1793 devant le Tribunal révolutionnaire. L’appareil de justice y est encore observé : Chauveau-Lagarde défend l’accusé qui présente huit témoins. L’accusation en cite onze (1).

(1) « Provins et sa région » - Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins – 1989, page 77.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9743221d/f79.item.r=abb%C3%A9%20Guichard%20Saint%20Barth%C3%A9lemy%20en%20Beaulieu

L’acte d’accusation contre Jean-Baptiste Guichard :

Jean-Baptiste Guichard est accusé d’avoir déclaré, du haut de sa chaire « Louis XVI martyr », « d’avoir refusé de lire les mandements de l’évêque constitutionnel et les décrets de l’assemblée nationale, ce qui est contraire à la loi du 4 décembre 1792, d’avoir continué à dire, dans son église les prières de l’ancien rituel…d’avoir refusé les sacrements à ses paroissiens… enfin d’avoir annoncé, au grand mécontentement de tous ses paroissiens, qu’il célèbrerait la procession du vœu de Louis XIII, le jour de l’assomption dernière »

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« En conséquence, l’accusateur public requiert qu’il lui soit donné acte par le Tribunal assemblé de la présente accusation, qu’il soit ordonné qu’à sa diligence et par un huissier du Tribunal porteur de l’ordonnance à intervenir, ledit Jean-Baptiste-François Guichard actuellement détenu en la maison d’arrêt dit la Conciergerie du Palais sera écroué sur les registres de ladite maison d’arrêt, pour y rester comme en maison de justice, comme aussi que l’ordonnance à intervenir sera notifiée à la municipalité de Paris.

Fait au cabinet de l’accusateur public, le trente septembre mil sept cent quatre-vint-treize, l’an deuzième de la République française une et indivisible. »

Signé : A-Q Fouquier.

« Le Tribunal faisant droit sur le réquisitoire de l’accusateur public lui donne acte d’accusation par lui portée contre Jean-Baptiste-François Guichard actuellement détenu dans la maison d’arrêt dite la Conciergerie du Palais. En conséquence ordonne qu’à la diligence du requérant de par un huissier porteur de la présente ordonne que ledit Guichard sera écroué sur les registres de ladite maison d’arrêt pour y rester comme en maison de Justice de la Conciergerie, que la présente ordonnance sera notifiée à la municipalité de Paris.

Fait et jugé au Tribunal, le trente septembre mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an deuxième de la République française, une et indivisible, par les citoyens Amand-Martial Hermand ; Claude-Emmanuel Dobsent ; Etienne Foucaut et Gabriel Toussaint Scellier, juges du Tribunal qui ont signés :
Signé : Hermand ; Dobsent, président ; Foucaut ; Scellier. »
Son avocat, Claude François Chauveau-Lagarde, le défenseur de Marie-Antoinette.

Déjà l’un des avocats les plus connus de Paris, Claude François Chauveau-Lagarde se fit connaître du public dès le début de la Révolution. 1789 le remplit d’abord d’espoir et, quand les états généraux furent convoqués, il publia une Théorie des États généraux ou la France régénérée.

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Sous la Révolution il continua à exercer sa profession sous le nouveau nom de défenseur officieux qu’on avait donné à l’avocat. Son nom apparaît dans les listes des jugements civils dans la collection d’Aristide Douarche, Les Tribunaux civils pendant la Révolution. On y voit que le 16 mai 1793 il était l’avocat du général Francisco de Miranda devant le Tribunal révolutionnaire, alors que ce dernier avait encore une certaine bonne volonté envers les accusés ; l’efficacité de son plaidoyer fit acquitter son client, un triomphe pour l’accusé et son avocat. Pourtant, Marat dénonça Chauveau-Lagarde pour avoir fait libérer un coupable. On lui confia la défense de Louis-Marie-Florent, duc du Châtelet, de Jean Sylvain Bailly, de Madame Roland et de Charlotte Corday, qui avait assassiné Marat. Dans son cas, l’issue du jugement ne faisait aucun doute, il en était bien conscient. Il se limita à rappeler pour la défendre « l’exaltation du fanatisme politique » qui avait mis le couteau dans sa main.

Il se distingua par son courage moral sous la Terreur. Il dut défendre les Girondins modérés, en particulier Brissot, son compatriote de Chartres, qui avait deux ans de plus que lui. Il prit la défense de Marie-Antoinette, avec une chaleur qui attira les soupçons du Comité de sûreté générale ; dès que la sentence eut été prononcée contre la reine, il fut convoqué devant le comité, accusé de l’avoir trop bien défendue, mais il réussit à se justifier.

Il prit la défense de Madame Élisabeth, sœur du roi, sans être autorisé à voir sa cliente. Il dut aussi défendre les « vierges de Verdun » qui ont inspiré une ode à Victor Hugo1, les vingt-sept défenseurs de Tonnerre et d’autres.

Maître Chauveau-Lagarde mit tout son talent pour tenter de sauver Jean-Baptiste Guichard mais le procès était joué d’avance. Il présenta huit témoins ; l’accusation en présenta onze dont une jeune femme, Madeleine Blondelot, qui reprochait au curé d’avoir refusé, le 3 août précédent de la confesser et lui aurait dit :

« Tu te maries sans dispense avec ton cousin germain, autant te marier derrière un
buisson. Je ne te confesse pas dans ces conditions. »

Fouquier-Tinville fait son réquisitoire ; puis le vote a lieu ; la sentence de mort tombe le 6 octobre, l’abbé Guichard est condamné à mort et sera mené le lendemain à l’échafaud, place Louis XV, devenue place de la Révolution.

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L’abbé Guichard, « le premier curé guillotiné de la région », mourut ainsi en martyr, décapité, le 7 octobre1793 (16 vendémiaire de l’an II) soit neuf jours avant la reine Marie-Antoinette.

Son corps fut inhumé dans le terrain de l’ancien cimetière de la Madeleine, à l’endroit même où s’élève aujourd’hui la chapelle expiatoire.

Jean Baptiste François Guichard
Curé de Saint-Barthélemy-en-Beaulieu (77320)

Fils de François Guichard, procureur fiscal de Granchamp et receveur de Cocherel,
et de Marie-Jeanne-Angélique-Fournier.

Jean-Baptiste-François est né à Cocherel, le 9 octobre 1745.

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L’église de Cocherel où fut baptisé Jean Baptiste François Guichard :

Cocherel est située à 6 km à l’est de Lizy-sur-Ourcq et à 11 km au sud-est de Crouy-sur-Ourcq.
La commune de Cocherel a englobé celle de Crépoil depuis le 11 décembre 1842

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L’église dédiée à Saint-Christophe et Saint-Jacques-le-Majeur a été remaniée en 1533 puis en 1777.

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Jean Baptiste François Guichard :

Né le 9 octobre 1745 à Cocherel – 77
Baptisé le 10 octobre 1745 en l’église de Cocherel
Condamné à mort le 6 octobre 1793
Guillotiné le 7 octobre 1793 (dimanche), le 7 octobre 1793, place de la Révolution
Inhumé au cimetière de la Madeleine - PARIS 75, à l’âge de peut-être 48 ans.

Parents :
• François GUICHARD, Maître des Postes 1715-1797
Conseiller, secrétaire du roi près la cour des comptes de Provence
Procureur fiscal de Grandchamp et receveur de Cocherel
• M Jeanne Angélique FOURNIER 1723-1785

Frères et sœurs :
-  Charles César GUICHARD ca 1744-
-  François Joseph GUICHARD, Écuyer 1746-
-  Cécile GUICHARD ca 1748-
-  Geneviève Angélique GUICHARD 1750-
-  Jean Baptiste Alexandre GUICHARD ca 1752-
-  Marie Alexandre GUICHARD, Maître des Postes 1754-1830 marié le 26 octobre 1783 (dimanche),
-  VAUDESSON 02, avec Madeleine Gabrielle CALAND ca 1760-1830
-  Louis François GUICHARD, Écuyer 1758-1832 marié le 7 février 1785, PARIS, avec Thérèse LE DUC 1763-1850
-  Augustin Charles GUICHARD, Avocat 1759-1845
-  Louis Georges Honoré GUICHARD, Abbé 1765-1841

Arbre généalogique d’ascendance :

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Auteur de cet arbre : Geneanet : Alain GARRIC (garric)
En souvenir :
Le dernier acte signé par l’abbé Jean-Baptiste Guichard, en date du 10 mai 1793.
L’acte de naissance de Jean Louis François Oudot :
« Jean-Baptiste-François Guichard, curé de ces lieux » n’intervient plus que comme témoin au mariage.

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Il s’agit de sa dernière signature avant le 21 août 1793 comme le précise l’acte suivant :

En hommage à Monsieur l’abbé Guichard, le texte de la consécration de la France à la Sainte Vierge qu’il lisait chaque année, lors de la procession du 15 août, à tous ses paroissiens.

Consécration de la France à la Sainte Vierge

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté que d’accidents qui nous menaçaient. Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice ; la rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques. Si nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés. Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend. Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de " nous consacrer à la grandeur de Dieu " par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les cours de parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième.
Louis.

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Le vœu de Louis XIII
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